LABEAU c’est une carte blanche entre des artistes et des scientifiques. C’est le pari d’une rencontre fertile entre les arts et les sciences ; entre des formes de savoirs et de lecture du monde qui en appellent à la fois à notre intelligence conceptuelle et émotionnelle.
Comment les affects et l’art peuvent-ils nous aider à retrouver du sens là où il semble avoir disparu ? Comment la poétique peut émerger des sciences, non pas en tant que vulgarisatrice, mais comme point de jonction, source d’inspiration.
L’art n’étant pas ici envisagé comme une médiation, mais bien une recomposition, ce principe de rencontre entre artiste et scientifique est une tentative espérée, un geste qui cherche.
LABEAU c’est une première phase de rencontre, de dialogue entre un.e artiste et un.e scientifique pour chercher ensemble autour d’une question de société, pour imaginer comment vivre autrement. Puis, une deuxième phase de performance en public qui témoigne de cette rencontre.

Océan paysage mouvant rassemblera cette fois-ci la chorégraphe et danseuse Julie Nioche et la chercheuse en humanités environnementales Joanne Clavel, autour de nos imaginaires sur l’océan.
Par l’expérience sensible et mouvante, renouveler nos regards et nos approches de ce vivant sous-marin. Ensemble, elles questionneront aujourd’hui les enjeux somatiques et politiques de la disparition du vivant à partir des expériences de natures vécues à travers le mouvement et la danse.

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Mettre les corps à l’épreuve de l’eau, mettre la danse à l’épreuve des courants et de ce qu’ils charrient, c’est ce que Julie Nioche propose comme point de départ. Elle imagine un dispositif chorégraphique qui fasse vivre aux spectateurs notre interdépendance avec les océans et les mers. En s’appuyant sur son approche somatique de la danse, elle commencera par contacter l’eau qui est en nous et comment elle fait danser le corps. Ensuite, elle ira à la rencontre des matières qui circulent et se transforment par l’eau, qui se déposent sur nos rivages… Elle tentera une vision réciproque entre nous humain et les océans : que laisse la mer en nous et autour de nous, et que laissons-nous à la mer en retour ?

Comment mettre en scène le corps de la science et celui de la danseuse pour ces deux sensibilités aient une place équivalente, quelles dialoguent, s’interpénètrent ?

Mettre à l’épreuve la science par l’imaginaire, faire de l’océan et ses interactions avec les vivants un sujet d’observation, de questionnement. Quelles traces laisse-t-il sur nos rives ? 

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Joanne Clavel étudie la mer depuis le rivage à l’heure où les inquiétudes climatiques se cristallisent par la montée du niveau de la mer. 

À la limite supérieure des flots s’accumulent une multitude de débris bois, coquillages, algues, 

déchets multiples souvent plastiques... Ce que nous laisse la mer exprime tant les sociétés humaines que ces peuples sous-marins invisibles. Matière vivante, messagère des cycles de transformations, de détériorations des océans, les laisses de mer sont un champ d’investigation et d’expérimentation propices pour questionner nos interrelations avec les espèces et les milieux….

Dès lors que les pratiques de collecte liées aux usages agricoles et industriels se sont marginalisées, ces laisses sont devenues peu à peu indésirables pouvant potentiellement gêner la fréquentation touristique. L’écologie scientifique considère ces laisses comme de véritables micro-écosystèmes accueillant une riche biodiversité spécialisée et participe aujourd’hui à un changement de regard sur leurs présences. 
 

Espérer ensemble que ces rencontres fassent conscience, qu’elles nous inspirent et nous bougent toutes et tous dans notre appréhension de l’océan, de cette matrice essentielle et menacée.